ARNAUD SALLÉ

ET AUTRES ÉVANOUISSEMENTS DE PAYSAGE

PROJET LAURÉAT DE LA VILLA LE NÔTRE, RÉSIDENCE INTERNATIONALE DE PAYSAGISTES

   Au travers de ce projet, je souhaite rapprocher des axes de recherches qui m'animent depuis longtemps — l'inspiration par les sources de haute énergie, l'écologie et le paysage sonore, la psycho- perception — afin de les joindre dans une même perspective liée à la sensibilisation et aux enjeux environnementaux. 

  Par la conception artistique et paysagère d'installations sonores, à visée d'interfaces ludiques, interactives, didactiques, je veux mettre au jour des pans cruciaux de l'écologie sonore, tout autant que relever le défi de présenter un bilan énergétique sobre, neutre, voire positif.

Une exposition interactive est prévue au Potager du Roi, à Versailles, en septembre 2017, une édition sous forme d'un livret et d'un DVD, sera publié peu de temps après.

Un site internet est dédié à ces recherches, qui se prolongeront jusqu'en octobre 2017 : www.phonomorphose.org

Lien vers l’article du Moniteur (par Laurent Miguet).

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Résidence artistique internationale de recherche et d'étude, à la Villa Le Nôtre, au Potager du Roi et École Nationale Supérieure de Versailles, jusque fin 2017. Cette résidence fait suite à un concours annuel. La Villa Le Nôtre bénéficie du soutien de la Ville de Versailles, de Valhor (interprofession de l'horticulture et du paysage), du Crédit Agricole d'Île-de-France Mécénat, de la Fondation du Crédit Agricole - Pays de France et de l'appui de l'Institut de la création (Université Paris-Seine).

•••••►        Exposition / installation 16 & 17 septembre 2017, Potager du Roi / Versailles.

•••••►        Édition et publication des Carnets de recherche — Juin & juillet 2018, ENS de Paysage / Versailles

PROJET LAURÉAT DE LA VILLA LE NÔTRE, RÉSIDENCE INTERNATIONALE DE PAYSAGISTES.

    « Une rêverie vers la fin de journée m'entraîne vers les serres, qui tintent au soleil. Habituellement, la vision du verre engendre en moi de nombreuses sensations intérieures et simultanées : pensées fugitives et frisson précis en écho à la fragilité et au bris, l'exact et tactile souvenir de la traître douceur des coupures de la pulpe du doigt au fil d'une arête tranchante, et des sonorités cristallines, soit très étirées, notes miroitantes ayant la planéïté et la rigueur du reflet, soit brèves, découpées, démultipliées, éparpillées avec légèreté.

   Pourtant, ce soir, d'autres sensations apparaissent. Le soleil tardif pénétrant le dépoli, laisse entrevoir des entités chlorophylliennes, apaisées, vivantes et plaquées aux vitres, vaine tentative d'élucider l'énigmatique paysage extérieur. Elles observent confusément ma silhouette en contre-jour.

L'étrangeté suspendue achève de me dévoiler les vitraux illuminés de ces basiliques tropicales. »

○○○○○▷  Installation vidéo et sonore interactive, festival Plastique Danse Flore, les 23 & 24 septembre 2017, bosquet du Potager du Roi / Versailles.

« Attendre le moment propice.

Pénétrer discrètement, ne pas se laisser voir, disparaître dans la nature : adopter la seule manière raisonnable et subreptice de se fondre dans un bosquet.

Ne s'y déplacer qu'avec la plus furtive précaution. Savoir demeurer immobile est un vif avantage.

Se planter là.

Observer un silence feutré, n'être que bruissements, tout au plus. Puis se déployer lentement, le long de racines et branchages. Perfuser la sève, sous l'écorce. Se diviser en ramures, s'épanouir en feuillage.

Végéter, percevoir, s'élever.

Juste avant de s'effacer, à l'instant du dernier oubli, se donner vingt-cinq siècles. 

Ciller parfois des paupières, peut-être.»

À l'abri d'un dôme végétal et musical dissimulé, aux perceptions ralenties, suspendues, d'éphémères présences (ou réminiscences, déjà?) frôlent, résonnent, s'éternisent quelques instants, puis se dispersent, s'estompent, s'évanouissent, finalement.

Cependant qu'à l'extérieur, régit par une temporalité brutale et crue, le présent s'évapore en permanence, pour l'essentiel, sans laisser de trace.

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Programmation dans le cadre de la XIè édition du festival Plastique Danse Flore, direction Frédéric Seguette. Avec le soutien de la compagnie La Césure.

• Installation interactive • Multipiste 8.1 •

Conception, développement, réalisation vidéo et  musicale  Arnaud  Sallé

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PROJET LAURÉAT DU CONSEIL DEPARTEMENTAL DE LA CREUSE, DE LA DRAC NOUVELLE-AQUITAINE.

        Le peintre se place sur une rive de la Creuse, le compositeur sur l’autre. Juste, ou presque, en face. Peut-être, cette fois, ne se voient-ils pas. Chacun interprète ce qu’il perçoit : les impressions fugitives tout autant que les lignes de force du paysage. Ils interrogent les sites exceptionnels, les lieux ordinaires, les endroits autant que les envers (du décor) en mutation. Ils écoutent les habitants, leurs récits. De jours en jours, au fil des saisons, la démarche est reconduite sur de nombreux tronçons de la rivière. 

        De retour à leurs ateliers habituels, ils mettent en ordre tous les dessins, peintures, prélèvements sonores, photographies, vidéo, motifs mélodiques inspirés. Un échange fort peut alors avoir lieu, entre eux, cette fois, dans la confrontation des sources. Des pistes nouvelles à creuser se détacheront nettement, en attendant un prochain retour sur les rives.

Ce foisonnement multiforme de documents, réalisés au fil de l’eau, fournit le terreau initial et préfigure ce que serait l’Atlas des deux rives : un ouvrage hybride, pictural, photographique, vidéo et musical, chargé d’évoquer le territoire de la vallée, oscillant entre description et fiction...

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Résidence artistique de recherche et d'étude, en Vallée des Peintres, depuis 2015 et jusqu'en 2017. Cette résidence fait suite à un appel d'offre de marché public, émanant du Pôle Recherche du Conseil Départemental de la Creuse, remporté conjointement par le plasticien Olivier Marty et le compositeur Arnaud Sallé. Avec le soutien de la DRAC Aquitaine - Limousin - Poitou - Charente (Nouvelle Aquitaine).

•••••►    Édition et publication de l'Atlas des Deux Rives en décembre 2018.

○○○○○▷Exposition / installation du 8 au 13 octobre 2016, Galerie Levy / Paris. Vernissage le 8 octobre à partir de 16h, en présence des artistes. Fermé dimanche et lundi. Poèmes, photographies et vidéogrammes sonores.

○○○○○▷Exposition / installation du 26 novembre au 3 décembre 2016,  Musée de la Vallée des Peintres / Eguzon.

   «Depuis le plateau, je m'incline vers la vallée, je tente de rejoindre en solitaire la rive, plus précisément : ma rive.

Celle d'entre les deux que nous nous sommes mutuellement désignées, ce matin, avant de s'harnacher, puis de se séparer.

  J'écoute, j'observe, je palpe l'horizon sonore, allégeant le pas, assouplissant la marche ou l'entrecoupant d'arrêts attentifs, je le laisse alors venir à moi, le souffle invisible, mon corps massif parfaitement silencieux. Les verts et roux dominent. Vent trompeurs, instables, agaçant mes cheveux. Parfum de cuivre humide, crépitements acides, étincelants le long des lignes.

   Faire abstraction des fracas, des échos lointains : ainsi se traquent les rumeurs fantômes cachées au cœur des décors empilés. Je guette, trouve et éprouve enfin le point de bascule, l'endroit subtil de mon parcours, où la présence de la Creuse se révèle, se fait entendre et pressentir : tout d'abord par d'indicibles murmures enfouis, puis le doute se lève en même temps qu'une brume grise - c'est ainsi que je l'entends - laquelle commence à ombrer délicatement le fond de l'ouïe.

  J'arpente lentement et en tout sens cette vingtaine de mètre carrés à peine, toutes oreilles ivres et dérivantes, traversant et subissant les champs magnétiques qui rendent cet espace singulier, magique : le lieu précis d'une apparition sonore, presque luminescente - que la main incrédule peut traverser, que la surface de ma peau ressent nettement.

  Mon paysage sonore s'imagine paradoxalement impalpable mais pourvu d'une étrange tactilité, une sphère sans obstacle, parfaitement transparente, perpétuellement affleurante : une partition éphémère hantée de formes toutes devenues musicales, éthérées et interpénétrantes, sans altitude ni latitude exactes, bien qu'évoluant dans les trois profondeurs.

   Hier soir, nous avions interrogé les cartes, notre tarot strié de courbes de niveau : demain s'annonçait fructueux. Cette fois nous nous ferions face, distants d'une quarantaine de mètres pour commencer, le front à la même altitude, à angle égal de réflexion du miroir couché, parfois indolent, quoique toujours avide de confluences, impatient de s'écouler vers son inexorable dissolution. La chance, disaient-elles, serait de notre côté, tendue entre nos deux explorations, toupies errantes en équilibre.

   La pente s'accentue, mes pas raccourcissent, puis cèdent : dévalement de sous-bois, cavalcade entre pierres et feuilles, glissade, débordé par mon élan, je traverse le taillis épineux, déboule sur la grève molle.

    Comme souvent, c'est par effraction que j'entre dans le paysage.

Arrêt essoufflé. Dans ce silence soudain, je m'enfonce, les limons m'absorbent sournoisement, la lumière me pique : quelques larmes sous mes cils. Je déplisse, je résiste avant de clore malgré tout les paupières, une fois, puis deux. Ces premières aiguilles émoussées, la main en visière, l'iris condensé, mon regard en pinceau traverse la rivière, vient scruter l'autre rive.

   J'aperçois une double tache de couleurs inhabituelles, assise et courbée par le travail, entre les joncs. Un bras ondule au dessus d'une surface blanche. J'établis la liaison, une vibration inaudible, le long d'un fil indistinct. Je peux poursuivre.»

Arnaud Sallé, janvier 2016.